Il est difficile en ce moment de passer outre le sujet du COV-19, et pour cause. Il représente et symbolise à lui seul tout ce que l’humanité actuelle est et risque.

Pour ne pas rajouter du bruit au bruit, il faut mettre en parallèle les divers événements.

Il faut se mettre dans le contexte, celui des générations actuelles qui ne connaissent plus la frustration. Il faut se mettre à l’heure du tout de suite et toujours plus.

L’heure où tout le monde attend tout du collectif, donc du gouvernement, de la retraite au droit au logement ou au travail, tout en demandant paradoxalement plus de liberté !

L’heure où ce sont les mêmes qui demandent aux scientifiques de trouver rapidement un remède contre le COV-19 tout en refusant les vaccins qui seraient le fruit d’un gros business pour les labos, ce qui est en partie vrai, mais en oubliant que depuis Pasteur ce sont des millions de vies que les vaccins ont sauvés. Et pourtant seuls 7% de la population française seraient vaccinés chaque année contre la grippe, qui fait des milliers de morts par an ! Va comprendre Charles.

L’heure où le gouvernement, ministre après ministre, est obligé, en 2019, d’expliquer au peuple la nécessité et la manière de se laver les mains, alors que quand je ne dépassais pas les 2 minutes, ma grand-mère, chez qui il n’y avait pas l’eau courante, me renvoyait recommencer en me disant « ce n’est pas une simple bénédiction ».

L’heure où l’on voit malgré les interdictions et conseils, plus de 3000 supporters intégristes du PSG, se rassembler en dehors des tribunes fermées, pour hurler torse nu, et tatoué comme il se doit, collés les uns aux autres. Mais aussi l’heure où une de leurs vedettes payées des millions en fait de même alors qu’il ne peut pas jouer pour cause … d’angine et peut-être bientôt du Corona !

L’heure où les gilets jaunes se rassemblent malgré tout ce samedi 14/03 pendant que des millions d’Italiens, où le COV-19 est en avance d’une petite semaine sur la France, nous donnent une leçon de civisme en nous exhortant de ne pas faire les mêmes erreurs qu’eux et de prendre cette épidémie au sérieux le plus tôt possible.

Sans vouloir encenser la communication de crise du gouvernement que je n’épargne pas généralement, je dois avouer que je n’aurai pas fait mieux en tenant compte de cette réalité et de sa mission première qui consiste à délayer la prise de conscience des évidences pour éviter des mouvements de panique irrationnelle qui feraient encore de dégâts que le mal lui-même. Les conséquences des conséquences pouvant être pire que les conséquences elles-mêmes.

Mais c’est aussi l’heure où le gouvernent ferme les écoles, tout en laissant les bureaux de vote ouverts suite au blocage du Sénat pour reporter les élections municipales qu’il pense lui être favorable. Comme si laisser nos maires et conseillers municipaux en place avec leurs 6 ans d’expérience n’eût pas été une opération de bon sens pour gérer ce qui nous attend plutôt que de mettre aux commandes de nouveaux élus, avec un taux d’abstention record, donc à la légitimité contestable, découvrir les arcanes de leurs pouvoirs. Comme si les municipales françaises allaient changer la face du monde. D’autant plus que bien malin qui peut dire si le second tour pourra se tenir !

On peut légitiment se demander ici si la cupidité de l’Homme, que le système a soigneusement cultivé depuis 50 ans pour mieux gouverner en paix, comme l’avidité de certains, ne sont pas plus létales que n’importe quelle pandémie.

En revanche le COV-19, lui va se charger de la changer la face du monde en nous faisant changer de paradigme sur les quatre grands domaines que sont la géopolitique, l’économie et la finance, le sociétal et l’écologie. Tous sont impliqués et responsables dans cette crise systémique et tous vont subir des coévolutions. Ne pas le comprendre et essayer de nager à contre-courant pour essayer de revenir aux modèles d’avant la crise, modèles économiques, sociétaux, écologiques… à grand renfort de milliards de dettes pour assurer une relance plutôt que d’inventer le monde d’après pourrait générer, une deuxième vague encore plus meutrière.

Sans faire de boule de cristal, je vous laisse imaginer la situation aux USA où 80 millions de personnes ne sont pas couverts par une assurance santé, alors que tous sont pratiquement armés et qu’il n’y a pratiquement pas une semaine sans tuerie par armes à feu. USA surendettés qui n’ont plus que le leadership mondial en termes d’armement, et encore, leurs porte-avions pourraient être devenus totalement inutiles face aux missiles hypersoniques russes. Les équilibres géostratégiques vont probablement un peu plus basculer vers la Chine qui, malgré un retard à l’allumage et un peu de désinformation a traité le Corona comme seule une dictature peu le faire, mais a aussi séquençant tout ce qui pouvait l’être sur le virus dès le début de la crise. L’usine du monde redémarre en attendant que l’on relocalise certaines productions stratégiques selon nos politiques qui avaient eux-mêmes donné leur accord, voire favorisé leur cession comme pour Alstom ! Mais un animal blessé de la taille des USA avec un Trump aux commandes est capable de tout pour essayer de recréer l’union nationale autour de lui.

Coté économie et finances, les bourses qui étaient sur une autre planète, n’attendaient qu’un prétexte pour revenir dans le monde réel, et bien c’est fait, mais à quel prix ? L’économie réelle va elle, comme dans toutes crises, s’épurer et procéder à une sélection Darwinienne, mais là aussi à quel prix en termes d’emplois et de souffrance sociale.

L’aspect sociétal interpelle aussi devant le risque de violence quand les supermarchés ne seront plus alimentés et les forces de police clouées à la maison pour cause de virus ou mobilisées sur des missions de protection civile. Les frontières comme les zones de deal seront en open bar !

Quant à l’écologie, si elle cette fois ci la cause de la cause tout en étant la conséquence des conséquences, elle devrait être pour peu que le bon sens nous éclaire à la sortie de ce tunnel, notre principal souci. La cause de la cause car tous les derniers virus les plus mortels pour l’Homme, du H5N1 en passant par les fièvres hémorragiques, dont une fait des ravages en silence en ce moment au Nigéria, ont pour origine les animaux sauvages ! Soit, parce que l’on continue de les manger, voire de les commercialiser vivants, soit parce que l’on a tellement détruit leurs habitats que l’on voit la nuit des renards se promener sur des quais de métro dans certaines grandes villes !

Sans parler de punition divine ni de théorie du complot, derrière toute crise, aussi douloureuse et violente soit elle, il y a des causes mais aussi de opportunités, ne serait-ce que celle de changer de modèle, si le bon sens prévaut sur la cupidité et l’avidité qui prouvent une fois de plus à quel point elles sont létales.

On est bien indéniablement à la 23^ème heure !

Devant cette situation exceptionnelle à une époque où tout le monde attend tout du collectif, il est l’heure que je prépare pour ZenCrise un cycle de vidéos « Face à l’incertain et aux crises, développez votre résilience personnelle ». Conférences où le COV-19 servira de support, et qui sera la transposition des process et méthodes acquis à l’EM Lyon et déployés au cours de 14 années d’accompagnement des entreprises à la préparation et gestion de crises.

Parallèlement des points et suggestions de défragilisation à la sauce « Antifragile » feront l’objet de communications plus courtes.