Comme vous l’avez probablement déjà entendu dire ou lu, 2012 pourrait être une année pivot pour le pétrole, aussi.

Et bien entendu probablement pas pour aller vers une baisse des cours, même si certains nouveaux gisements de schistes sont moins couteux en exploitation, on peut compter sur les majors pour moduler les prix et les volumes dans une logique de maximisation des profits et des parts de marché !

Une fois de plus, selon la logique du JDA, nous allons essayer d’imaginer les scénarios et impacts possibles sur nos économies, notamment européennes, déjà fortement « déstabilisées » et donc notre quotidien, même si il ne semble pas que les embryons de programmes électoraux l’aient eux, intégré !

Bien que n’étant pas un spécialiste en la matière, il y a toutes fois des relations de causes à effets et des règles établies facilement interprétables.

Pa railleurs, l’arrivée des nouvelles technologies et des gaz et huiles de schistes a également contribué à faire évoluer le paysage des acteurs, mais aussi et malheureusement, les paysages tous court, au détriment de notre pauvre planète, une fois de plus.

Situation:

La notion de peak oil, me semble floue et virtuelle car, si j’ai tout compris, elle correspond à une photo à un instant donnée, qui tient compte de nos consommations et des réserves connues estimées. Si il semble évident qu’avec les données actuelles, ce fameux peak oil a été passé vers 2006 avec la production de pétrole dit « conventionnel », rien n’est figé. D’une part parce que la consommation peut varier, à la hausse avec la demande croissante des BRIC, mais aussi à la baisse avec des mesures d’efficience énergétique et surtout des ruptures technologiques dont j’espère beaucoup. Quant‘ à l’offre, elle semble aussi, faire l’objet de mouvements impactant, dans un sens comme dans un autre. D’une part les aspects géopolitiques, qui n’ont échappés à personne, tirent la production vers le bas, notamment Iraniennes, tout comme la « disponibilité politique », enfin, pas pour tous (cf ci dessous), et d’autre part par l’arrivée de nouveaux gisements ou méthodes d’extractions.

Ceci étant, les experts annoncent que la consommation va continuer d’augmenter, ce qui signifie que jusqu’à 2030 environ 50% de cette consommation sera constituée de pétrole qu’il reste à découvrir !

Certes, on sait depuis la crise financière que les experts sont généralement les derniers à voir arriver les ruptures et notamment les changements de paradigmes ou de règles du jeu. Je ne pense pas qu’il prennent ici en compte l’arrivée des nouvelles technologies qu’ils ne peuvent peut être, même pas conceptualiser !

La logique veut toute fois, que face à un forte demande se mette en place : des énergies de substitution et la mise en exploitation de nouveaux gisements.

Ceux ci ont deux caractéristiques : le positionnement dans des zones politiquement instables, ou, ayant des ressources faisant appel à des techniques d’extraction plus complexes  et  donc, aux mêmes conséquences consistant à tirer les prix vers le haut.

Pour l’instant on constate un engouement certain sur le gaz et notamment le gaz de schiste ce qui a fait dire annoncer à l’AIE en juin dernier l’avènement d’un « âge d’or du gaz », rien que çà !

Dans un premier temps cette technologie a permis aux USA de redevenir en 2009 le premier producteur de gaz dont 55% provenait du schiste. Cela ne sera pas sans conséquence sur leur croissance et modèle économique, ni sur l’environnement. Ce gaz a par ailleurs le bon gout de se trouver principalement hors des pays ANMO (Afrique du nord et moyen orient) à la stabilité douteuse. Il permettra également aux USA de contourner la main mise des russes sur l’Europe. Monopole récemment confirmé à Doha dans le cadre d’un accord avec la Qatar pour limiter les livraisons de GNL.

« La Russie a ainsi simplement négocié avec le Qatar pour que le pays n’augmente pas son offre de GNL à l’Europe, la Russie vient de mettre en place un embargo gazier sur l’Europe. Le Qatar est ainsi le premier bénéficiaire de cet accord. En échange de sa réduction de GNL, le Qatar a gagné le droit d’investir dans le projet de Yamal.  Yamal, c’est un des plus importants gisements de gaz du monde. Le géant gazier russe Gazprom le développe avec plusieurs partenaires. En investissant dans le projet Yamal, le Qatar se rapproche ainsi du marché européen. Le deuxième bénéficiaire est bien évidemment le colosse russe Gazprom, qui détient le monopole des exportations de gaz russe. D’ailleurs, suite à cet accord, ses cours ont gagné 20% ! » source : L’Edito Matières Premières & Devises

Marc Odum, patron de Shell, a annoncé qu’il envisageait de produire plus de gaz que de pétrole en 2012. Les investissements de la plus part des majors confirment cette tendance.

KPMG a lui annoncé, que les investissements devraient se monter à 100 milliards de dollars dans les 20 ans.

Mais les techniques du forage horizontal  et de la fracturation hydraulique, utilisées pour le gaz de schiste commencent à l’être également pour le pétrole au plus grand profit des USA et notamment du Dakota, du Wyoming, de l’Utah, du Colorado ou encore du Texas qui ont multiplié de façon considérable leur production. On imagine aisément les modifications que cette nouvelle ruée vers l’or noir peut engendrer !

L’OPEP estime que 3% de récupération des champs non conventionnels, apporteraient aux USA plus que les réserves Saoudiennes. Le royaume qui se cache derrière les accords du Perry pour financer une partie du terrorisme mondial !

Parallèlement le pétrole off shore profond, donc plus couteux, pourrait lui, représenter jusqu’à 50% de la production mondiale en 2015.

Dans tous les cas de figure, nous constatons que les lignes bougent vite et pas de façon innocente.

Impacts géopolitiques : Importants comme on l’imagine aisément.

On peut citer quelques points :

  • A moyen terme, changement de relations avec les monarchies du golfe qui tenaient la dragée haute à l’occident. En attendant, les USA concentrent des moyens militaires dans le détroit d’Ormuz. (cf analyse ci dessous)
  • Modifications des flux de pétroliers et importance des pipes line
  • Attitude la Chine qui se fiche du politiquement correct et autres règles d’embargo ?
  • Prédominance politique et diplomatique des nouvelles nations productrices, USA, Brésil…

Impacts écologiques : Importants également.

On ne peu pas compter sur l’éthique des majors du pétrole, pas plus que sur le courage de leurs copains redevables, les élus, pour préserver la planète. J’ai souvenir d’un survol basse altitude du magnifique désert libyen il y a quelques années, avec un écran remplit d’échos radar constitués des matériels de forage et autres véhicules HS abandonnés sur place par les pétroliers qui avaient sondé le sous sol. Probablement de la même veine que ceux qui ont construit l’oléoduc, de 2 mètres de diamètre, qui pompe la nappe phréatique profonde qui mettra mille ans à se reconstituer, pour  arroser Tripoli en rejetant directement à la mer plus de la moitié de cette eau !

Impact économique : Important car on connaît la relation directe entre la croissance économique et les couts de l’énergie qui génère les cycles de croissance et de décroissance. Quand le prix du pétrole est bas, l’économie mondiale est en croissance. Cela a pour effet d’augmenter la demande, donc les prix qui atteignent un niveau insupportable, environ 140 $/baril, qui provoque un choc pétrolier ralentissant la croissance et ainsi de suite, à la spéculation et autres variant prés !

Impact sur le nucléaire : Favorable. La même analyse pourrait être faite pour l’uranium !

Impact sur les énergies vertes et économies d’énergie : Favorable pour des raisons évidentes de cout, mais freinées par les oligopoles et leurs courroies de transmission ainsi que le niveau d’investissement nécessaire.

Bien que l’impact restera toute fois favorable dans un temps long  aux énergies renouvelables en auto consommation aidant à tendre, au grand damne d’EDF et autres, vers un début d’autonomie et de production décentralisée et indépendante, l’effet ciseau du recul du peak oil, et la peur qu’il engendrait, associé à la crise économique, devrait malheureusement, limiter les investissements en efficience et économies d’énergie.

Mais, surtout, aux ruptures technologiques à venir.

Impact sur les Investissements :

Relire les préconisations du doc initiale du JDA sur les évolutions du mode de vie en mode crise, mais on peut rappeler, le choix d’une maison fortement isolé voir à énergie positive, située prés d’une ligne de bus ou de tram.

Pour les applications industrielles gourmandes en énergie, les temps pourraient être durs et la compétitivité impactée.

En revanche, coté bourse, on voit bien ce qui va se dessiner, notamment du coté des para pétrolières qui savent faire des tubes spécifiques ou forer très profond et qui ont pris des positions clés avec des investissements en R&D.

Analyse à compléter d’un nouveau facteur aggravant pour l’Europe pour lequel je laisse lire un bon papier de Normand Lester  transmis par Papy Macré :

L’embargo pétrolier : Washington vise l’Iran et frappe l’Europe dans le mille

Par Normand Lester ;  La chronique de Normand Lester – ven. 27 janv. 2012

 

« Embargo européen et américain sur l’achat de brut iranien. Les Américains croyaient avoir fait un bon coup en imposant un embargo contre les exportations pétrolières iraniennes et en convainquant leurs alliés européens réticents d’y adhérer. L’Europe en proie à des difficultés économiques majeures avait convaincu Washington de retarder l’imposition de l’embargo au premier juillet. Il fallait permettre à plusieurs pays, dont la Grèce, l’Italie, et l’Espagne, de se trouver d’urgence de nouveaux fournisseurs et de mieux se préparer au choc pétrolier qui va s’en suivre. Le Fonds monétaire international estime que l’arrêt des livraisons de l’Iran, cinquième plus grand producteur mondial, pourrait faire grimper le prix du pétrole de 20 à 30 pour cent en Europe.

Plutôt que d’attendre le coup, Téhéran a décidé de frapper le premier et d’arrêter immédiatement ses livraisons de pétrole à l’Europe. Le parlement iranien doit adopter dimanche une loi en ce sens. En marchant au son du tambour américain, les dirigeants européens vont accroître les difficultés économiques des plus pauvres de leurs citoyens.

Comme la Chine, la Russie et d’autres pays asiatiques n’ont pas l’intention de respecter l’embargo américain, ses effets sur la pérennité du régime iranien sont encore à démontrer.

Jusqu’ici les sévères sanctions imposées par les États-Unis contre l’Iran touchent d’abord les Iraniens ordinaires. Elles se traduisent par un accroissement important du chômage et une inflation galopante. Le prix de la viande et du lait a augmenté jusqu’à 50 pour cent.

Mais au lieu de faire pression sur leur gouvernement pour qu’il se conforme aux dictats de Washington, les Iraniens le soutiennent. Les sanctions ont renforcé le régime. Jamais l’Iran n’a été aussi calme, jamais l’opposition n’a été aussi silencieuse. Les Iraniens détestent encore plus les États-Unis que les mollahs à barbe grisonnante qui les dirigent.

Un régime draconien de sanctions similaires imposé dans les années 90 à l’Irak avait eu pour résultat la mort de centaines de milliers d’Irakiens pauvres, les privant de biens essentiels et n’avait pas vraiment ébranlé le régime dictatorial de Saddam Hussein. Des sanctions contre la dictature haïtienne à la même époque s’étaient révélées tout aussi inefficaces. Les sanctions économiques adoptées contre un pays frappent d’abord les classes sociales les plus démunies, incapables de faire face à l’accroissement des coûts des matières et des services de première nécessité. Dans ces deux cas, les États-Unis finirent par envahir le pays et l’occuper militairement pour se débarrasser du régime.

Pourquoi alors décréter de telles sanctions si elles se révèlent inefficaces? C’est essentiellement une question de prestance. Particulièrement dans une année électorale, faut montrer qu’on ne nargue pas la première puissance militaire et (encore pour quelques années) économique de la planète sans conséquence.

Dans le cas de l’Iran, le message de détermination s’adresse à Tel-Aviv et au lobby israélien aux États-Unis. Obama espère ainsi gagner ses élections et aussi retarder le plus possible l’attaque israélienne contre les installations nucléaires iraniennes.

Les sanctions sont supposées empêcher l’Iran de développer des armes nucléaires. Il n’existe aucune preuve qu’un tel programme existe. Des rapports récents de l’Agence internationale de l’énergie atomique et des services secrets américains concluent que le programme d’enrichissement d’uranium est destiné à des fins civils.

Encore une fois, les Américains ont sous-estimé leur adversaire. Et le coup qui visait l’Iran, risque de frapper l’Union Européenne en pleine face. Elle qui est confrontée à une crise économique qui menace son existence même. Tout un dommage collatéral! ».

 

Remarques sur les tensions militaires avec l’Iran :

Les militaires US estiment que leur bombes les plus puissantes, comme la bombe GBU-57 MOP (Massive Ordnance Penetrator) ne sont pas en mesure de détruire les sites souterrains les plus fortifiés en Iran, qui avaient du anticiper un peu, soupçonnés d’abriter des activités visant à produire l’arme atomique, rapporte samedi le   ‘Wall Street Journal’, La tache reviendrait donc probablement aux missiles de croisière et autres marteaux pilons de frappes dites chirurgicales. Par ailleurs, il est à noter que l’ensemble de ces sites étant très disséminés, l’efficacité d’une intervention ne pourrait se faire que lors d’une campagne longue, couteuse économiquement, politiquement et diplomatiquement. Je doute d’un soutien ruse ou Chinois à une telle promenade où contrairement à l’opération libyenne ils ne se laisseront pas surprendre une nouvelle fois. La réponse de l’Iran face à la plus puissante armée du monde, surtout en bombardement, serait probablement de type asymétrique peu à même de pacifier le monde ! A bon entendeur…

 

Conclusions : les variables et scénarios sont tellement nombreux qu’il paraitrait hasardeux, ou risqué, de se verrouiller avec des contrats à terme comme Gdf a pu le faire en son temps sur des prix du gaz russe devenus hors prix de marché. En revanche, des investissements portant sur l’efficience énergétique et les technos de substitutions seront probablement payants dans le temps quoi qu’il se passe.

Bonne réflexion à tous. 

 

Thierry

Tenancier du café du commerce du Jour D’Avant.

www.lejourdavant.org

La lettre du café du commerce du Jour D’Avant est une lettre électronique publiée gratuitement à un rythme variant selon l’humeur du rédacteur et des événements. Elle ne peut en aucun cas être assimilée à des conseils d’achat ou de vente de valeurs mobilières restant sous la seule responsabilité du lecteur. Les opinions ou commentaires formulés, ne constituent en aucun cas des recommandations personnalisées en vue de réalisation de transactions, pas plus que des opinions politiques.

 

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